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s’était arrondi de quelques-unes de ses dépendances, en prés, étangs et bois, pour revendre le tout d’un bloc à un marchand de bestiaux de Saint-Hilaire-du-Harcouët, lequel avait doublé son gain en cédant l’immeuble et les ruines à un notaire de Vitré, vers 1835, époque où, dans notre atmosphère poétique, le vent soufflait au moyen âge. L’heureux notaire, dans un rayon d’or de sa lune de sa miel, avait sérieusement parlé d’une restauration complète et définitive de l’antique manoir, mais, devant le devis monumental de son architecte, il avait demandé à réfléchir. Plus tard d’ailleurs, ses garçons grandissant, ses fillettes fleurissant, obligé de faire face aux dépenses du collège et aux frais du couvent, il avait renoncé, bien qu’à son grand regret, à tous ses rêves d’artiste. Comme ses prédécesseurs, il avait profité d’une fructueuse occasion pour se défaire de l’immeuble et des précieuses ruines en faveur d’un touriste du Cumberland, James Wilson, esquire, insulaire d’un blond fauve, garçon moyen, à qui sa fortune princière permettait de réaliser ses plus riches fantaisies ; phtisique d’ailleurs à un degré suffisant pour que ses deux médecins lui eussent expressément ordonné un climat moins brumeux que sa Grande-Bretagne. Mais, aux premiers jours de novembre, il avait grelotté… et déguerpi pour