rares paysagistes, marcheurs infatigables que rien n’arrête, savaient seuls qu’on trouvait là, dans un pli de vallée, trois fragments remarquables de l’architecture oubliée d’un autre âge : la haute arcade d’une chapelle antique, dont la courbe hardie était enveloppée de rosiers sauvages ; un escalier tournant, vrai bijou d’orfèvrerie qu’un chèvrefeuille enguirlandait de ses fleurs, mêlées aux grappes vermeilles des viornes-obiers ; escalier surpris de ne plus conduire nulle part, et dont la dernière marche tronquée s’arrêtait brusquement en plein ciel ; enfin, une grande rosace intacte dans sa rondeur, dentelle de pierre brodée à jour, et suspendue par des points d’attache invisibles, comme une toile d’araignée gigantesque, entre deux massifs de hauts châtaigniers. Elle était absolument veuve de tous ses vitraux à riches enluminures, mais en revanche, laissait transparaître la rougeur des aurores et les adieux pourprés des soleils tombants. On eût dit que la nature et l’art s’étaient donné le mot pour faire un mariage pittoresque des plus heureux entre ces vénérables débris et ces luxuriantes floraisons.
A l’arrière-plan des ruines, sous le tapis vert mat des lentilles d’eau, de longs étangs dormaient à perte de vue entre d’interminables rangées de hêtres. La perspective avait quelque