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à la voir sans être vu, il n’avait qu’à prendre le costume apporté par Baptiste, sans danger d’être reconnu, et à coucher le soir même dans le pavillon du parc… que Baptiste était dans la confidence et qu’une discrétion absolue lui était assurée.

Dans ces grandes crises qui sont à la fois comme un naufrage du cœur et du cerveau, Georges se laissa faire comme un enfant dont la raison a besoin d’être guidée. Il partit le soir en compagnie de Baptiste et arriva à Saint-Christophe à nuit close.

Quand il passa comme autrefois sur le pont de la rivière, la fraîcheur de l’eau et le bruit du moulin lui causèrent une impression singulière… et l’odeur des prés en pleine floraison, qui se mêlait au parfum des troènes et des chèvrefeuilles, le grisa de ses effluves capiteux. Quand il aperçut dans l’ombre sa maison, près de laquelle il passait comme un étranger, ce fut une terrible épreuve… il s’arrêta un instant et s’appuya la main au cœur, comme pour en comprimer les battement…

— Allons, commandant, dit Baptiste à voix basse, du courage !

Il en fallait. Ils entrèrent dans le grand parc sans en faire crier les grilles et passèrent la nuit dans le pavillon.

Le lendemain, dans la matinée, entre neuf