Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et, comme autrefois, les deux amis couchèrent l’un près de l’autre, mais agités bien diversement. L’avocat ne tarda pas à s’endormir en se disant qu’il est des situations bien étranges dans la vie !

Quant à Georges, malgré les grandes fatigues du voyage et son accablement moral, il ne fut vaincu par un lourd et douloureux sommeil que très avant dans la nuit.

Le lendemain, au grand jour, il n’était pas encore éveillé que Guérineau, déjà revenu de Saint-Christophe, ramenait Baptiste, qui montait pieds nus l’escalier pour ne pas faire de bruit.

— Tiens, le voilà qui dort, lui dit-il à voix basse. C’est bien lui… Tu l’as vu… Ne le réveillons pas.

Et quand ils furent redescendus, il donna à Baptiste, qui comprenait à demi-mot, toutes les instructions détaillées pour l’exécution du plan qu’il avait conçu.

— Georges et toi, reprit-il, vous êtes de même taille, ou peu s’en faut… Tu m’apporteras un de tes costumes de matelot pour lui, et dès qu’il fera nuit, il t’accompagnera travesti pour n’éveiller les soupçons de personne. S’il y avait sur la route des curieux ou des indiscrets, tu dirais…

— Je dirais que c’est Étienne, un ancien