Page:Lemoyne - Œuvres, Une idylle normande, 1886.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui encombraient la table… Elle y trouva ce qu’elle cherchait… un revolver tout chargé. Elle ouvrit aussitôt la fenêtre et le jeta dans la rivière, profonde et noire en cet endroit, sous le grand rideau frémissant des trembles et des aulnes.

Comme elle redescendait au salon, elle trouva Mme Verdier qui l’attendait.

— Justement j’allais vous écrire, lui dit-elle. Vous arrivez à propos… Mais qu’y a-t-il donc ? Vous paraissez toute émue.

— Il y a vraiment de quoi l’être profondément, répondit-elle… Voyez et lisez.

Et elle tendit à Thérèse une lettre d’Henri Paulet, reçue le matin même.

Cette lettre, succédant à plusieurs autres adressées à Mme Verdier, avait un caractère particulièrement funèbre… Elle disait que, s’il ne recevait pas dans la semaine un mot de réponse lui donnant au moins quelques lueurs d’espoir, son parti était pris. Il était décidé… Il allait entreprendre un très long voyage (sans fixer la contrée), mais le vrai sens de sa lettre était qu’il allait partir pour ces grands pays inconnus d’où personne ne revient… Il n’y avait pas à s’y méprendre.

Cette pauvre Mme Verdier en était encore toute frémissante et se disposait, avec la persistance de son brave petit cœur, à plaider en