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femmes, sans ouvrir les lèvres, échangeaient un rapide regard qui traduisait leurs communes pensées :

— Surveille bien ton père, disait Mme Desmarennes.

— Ne le perds pas des yeux, disait Thérèse.

Quelques jours après le départ de Mme Desmarennes et de sa fille pour Saint-Christophe, toute la colonie voyageuse de Royan, Verdier, Laborde et Guérineau avaient quitté les bains de mer pour rentrer dans leur bonne petite ville et reprendre, à leurs foyers respectifs, le train habituel de leurs affaires.

Disons de suite, pour ne pas l’oublier, que Mme Verdier, la femme du notaire, avait, au retour, fait à Thérèse un tableau navrant du pauvre Henri Paulet, inconsolable de son brusque départ et rentrant seul et désespéré dans sa grande ville de Bordeaux, où il emportait en plein cœur l’image de Thérèse oublieuse. Thérèse était beaucoup trop sévère pour lui, pensait et disait Mme Verdier d’un air et d’un ton de reproche.

C’était une excellente petite femme que Mme Verdier, plutôt blonde que brune, sans caractère bien accusé, mais, bienveillante et potelée, adorant son mari et ne s’en cachant pas,— n’ayant pas eu d’enfants, mais aimant avec frénésie ceux des autres. Elle eût donné