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Desmarennes y avait déposé une partie de sa fortune. Il en fut pour une perte sèche de trois cent mille francs.

D’autre part, la concurrence des blés d’Amérique et de Russie, les arrivages de New-York et d’Odessa, cotés à des prix inférieurs, réduisirent presque à rien la vente de ses farines.

Pour comble de calamités, à l’ancien oïdium de la vigne avait succédé un fléau bien autrement terrible. Le phylloxéra avait envahi presque tous les plants de la contrée. Les vignes offraient un spectacle navrant : sur les belles collines pierreuses, ensoleillées, où, les années précédentes, pampres, vrilles et sarments s’enchevêtraient à embarrasser le pied des chasseurs, on ne voyait que des orties et des ronces, autour d’un cep noir atrophié, comme s’il était brûlé par le feu du ciel… Tout était mort sur pied… Il n’y avait plus qu’à arracher. Les vignerons se chauffaient avec le bois de leurs vignes. Et il ne fallait pas songer à ensemencer autre chose sur des champs de cailloux. La vigne, heureuse autrefois, y trouvait assez d’humus pour croître et multiplier… Mais blé, luzerne ou maïs, rien n’y serait venu… Autant de propriétés perdues, pour longtemps du moins.

Accablé par ces trois désastres successifs, Desmarennes n’y tint pas. Bien qu’il fût solide de corps et qu’il passât à bon droit pour avoir