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vivait dans l’air qu’elle respirait, et sentait parfois son petit bras nerveux et volontaire s’appuyer résolument sur le sien aux passages difficiles creusés dans le roc ou dans les sables.

Il tressaillait de tout son être au frôlement de sa robe, ou quand sa chevelure dénouée le frappait en plein visage dans un brusque soubresaut des rafales marines.

Fils d’une blonde Norvégienne de Drontheim, morte en lui donnant la vie, ce fin garçon, aux longs cheveux ambrés et à l’œil vert de mer, réalisait sous le ciel du Midi un des types les plus purs des races primitives du pays des neiges. Sa mère lui avait, assurément, légué quelque chose de sa grâce native et de sa fière beauté sauvage. Son profil presque droit, intelligent et grave, révélait à la fois énergie et douceur. Près de Thérèse, il cheminait à pas recueillis, comme dans un immense et lumineux décor de féerie. On eût dit qu’il marchait dans un paradis terrestre.

A la place de Thérèse, il eût fallu être aveugle et sourde pour ne pas s’apercevoir à chaque instant de cette muette et folle adoration, de cette passion toute juvénile, si discrètement voilée dans son intensité.

Bien des femmes voisines de la trentaine, dans le charme souverain de leur beauté mûrissante, éprouvent une étrange douceur câline à