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répondit sentencieusement Me Guérineau, puisque le docteur nous affirme sa guérison prochaine. Dans tous les cas, l’incident n’en serait pas moins curieux pour des reporters… mais je reste bouche close pour tout ce qui intéresse votre chère famille.

Malgré les prévisions du docteur et ses potions calmantes, le malade eut fièvre et délire deux jours et deux nuits, tantôt les yeux grands ouverts et prononçant des mots incohérents d’une voix à peine perceptible, tantôt retombant dans une prostration profonde et dans une somnolence comateuse prolongée d’assez mauvais augure. Enfin, au lever du troisième jour, on vit apparaître dans son regard quelques lueurs de raison et dans son état général un vrai retour à la vie normale.

Le docteur, anxieux, malgré son calme apparent, épiait de tous ses regards la renaissance tardive de son précieux sujet, observant les phases diverses de son retour à la vie.

Quand le malade rouvrit enfin les yeux, étonné de se voir dans une chambre d’auberge, cherchant à se rendre compte de son entourage, et comme mal réveillé d’un mauvais rêve, Thérèse, à son chevet, soufflait sur une tasse de tisane un peu chaude et attendait l’ordre du médecin pour la présenter.

Mais le malade, peu soucieux du breuvage,