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infailliblement rouler et disparaître tous deux.

Mais du groupe des curieux quelqu’un s’élança, se jetant à la tête du cheval, et d’une main de fer lui comprima les naseaux.

Mistral s’abattit presque au bord de la falaise ; Thérèse, dégagée de l’étrier, se releva sans aucun mal apparent… Mistral se remit sur pied en boitant, mais il n’en fut pas de même du courageux sauveteur, gisant inanimé sur les roches, tout pâle, avec un flot de sang qui lui jaillissait des lèvres.

Le danger disparu, la foule s’approcha pour voir et fit cercle autour de l’homme tombé… C’était un jeune garçon imberbe, d’une vingtaine d’années au plus. Sa fine chemise de batiste, déchirée par endroits, laissait voir une poitrine toute blanche, labourée de sillons rouges, et les tempes saignaient sous les cheveux blonds agglutinés. Ses yeux fermés devaient-ils se rouvrir ? Le cœur, interrogé, répondait encore par de faibles battements. On lui jeta de l’eau de mer au visage, mais en vain. Rien ne put le faire revenir de son évanouissement.

Deux douaniers, accourus en hâte, le couchèrent sur un brancard, pour le transporter, avec des précautions infinies, jusqu’à la petite auberge dominant la hauteur. Un lit de sangle y fut provisoirement disposé.