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quadrilles où Verdier figura en homme du monde bien appris, et, aux premiers accords d’une valse à la mode :

— Allons, dit gaiement l’avocat à Georges Paulet en lui touchant l’épaule, montre-nous que sur le parquet glissant d’un salon tu gardes ton pied marin comme sur le pont d’un navire.

Georges ne se le fit pas dire deux fois. Il invita Mlle Thérèse, et tous deux, d’un pas bien rythmé, sans raideur et sans pose, se mirent à tourner, se laissant aller au mouvement berceur d’une valse rêveuse, mais bien cadencée, comme deux êtres charmants, créés l’un pour l’autre, et qui se reconnaissent en se voyant pour la première fois.

Comme il était plus grand qu’elle, il dominait de tous ses yeux son adorable tête de jeune fille, et parfois, dans un mouvement de valse plus rapide, les cheveux châtain clair, lui frôlant la poitrine, activaient les battements de son cœur ; — tandis qu’elle, vive, souple, heureuse, aérienne, obéissant au bras de son danseur, valsait en baissant les paupières : — leurs grands cils voilaient la fièvre de son regard.