Page:Lemonnier - Un mâle, Kistemaeckers, 6e éd.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XI



Le jour de la kermesse arriva.

Dès le matin, une fermentation remplit le village. Les cabaretiers s’étaient approvisionnés de bières. Des pains d’épice avaient été étalés par tas à la fenêtre des épiciers. Et toute l’après-midi de la veille, les fours avaient brûlé pour la cuisson des tartes. Devant les portes, le pavé balayé reluisait de propreté. Des rideaux frais, relevés par un nœud de couleur, mettaient leur blancheur sur le noir des vitres. Un tapage de ménagères lavant à grands coups de balais les chambres des maisons traînait dans l’air. Dix heures firent sonner les cloches de la grand’-messe. Alors, les brosses et les seaux furent remisés, les bras rouges enfilèrent les manches des robes, et la gaieté commença.

Des hommes montraient sur le seuil des cabarets leurs faces détendues par une demi-ivresse. Ceux-là étaient en train depuis la sortie de la messe de huit heures. Une odeur de lampées montait de leurs blouses. Quand des