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ment clair qui, par moments, ressemblait à une musique de grêlons sur un bassin de cuivre.

Ils s’étaient réfugiés sous un arbre, l’un près de l’autre, se serrant un peu. D’abord, la pluie ne perça pas l’épaisseur des feuilles. Elle traçait tout autour du tronc un cercle brillant, laissant la terre sèche au pied. Mais les hautes feuilles se mirent bientôt à dégoutter sur les feuilles plus basses ; des filtrées d’eau glissaient à présent de proche en proche jusque sur eux.

Il ôta sa veste.

— Tiens ! prends-la, dit-il. Moi, ça me connaît, la pluie. J’en ai eu sur le dos de quoi remplir des étangs.

Et il la passa au cou de Germaine. Elle se laissait faire, un peu troublée par le contact de ses doigts qui la frôlaient. Il se rapprocha d’elle. Leurs hanches se touchaient, une rougeur chauffait leurs joues, et résolument il prit sa main, la garda dans la sienne. En même temps il cherchait des mots. Il eût voulu dire quelque chose. Mais sa langue demeurait inerte, et à force de chercher, se violentant, il finit par bégayer :

— J’en ai bien six comme ça.

— Quoi !

— Six vestes, dà ! Oui, à la maison. Puis j’ai une veste en velours, avec le pantalon et le gilet pareils.

— Tout ça ?

— Oui, et d’autres encore, ah bien oui !

Puis il y eut un silence. Il chatouillait le creux de sa main, à présent, à petites fois lentes et douces. Alors ce fut elle qui éprouva le besoin de parler. Elle montra une vache noire et blanche, très ballonnée.

— Elle aura son veau ce soir, dit-elle, à moins que ce soit demain. On ne sait pas. Mais, pour sûr, elle l’aura.

Et elle nomma ses vaches l’une après l’autre, raconta des particularités. La blanche avait coûté 700 francs. Les