VI
’enclos où pâturaient les vaches du fermier Hulotte était à dix minutes de la ferme. Les
bêtes gagnaient la grand’route, descendaient un
sentier à travers bois, et par un pont jeté sur le ruisseau
qui longeait l’herbe grasse de la prairie, entraient au
pacage. Des piquets reliés par une balustrade en bois
formaient une clôture tout autour ; et le pré montait en
pente douce vers les vergers de la ferme des Osiers,
située à l’extrêmité d’un large plateau cultivé. À droite et
à gauche, de hauts talus s’élevaient, couverts de petits
arbres, entre d’autres plus grands, hêtres et peupliers,
qui mettaient sur ces emmêlements de jeunes branches
leur ombre vigoureuse. Une floraison énorme de pâquerettes s’épanouissait entre les clôtures, répandait sur
l’herbe une traînée de clartés qui se perdait près de la
ferme dans le bleu du ciel. Et sur les berges du ruisseau
la bardane, le pissenlit, la valériane, la jacinthe sauvage,
la renoncule des bois avaient poussé en larges touffes