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XXXIV



L’été s’acheva dans des jours humides et doux.

Un soir, Germaine gagna le banc de pierre adossé au mur extérieur de la ferme, du côté de la campagne. Les chèvrefeuilles avaient glissé jusqu’à terre, noyant le banc sous l’enlacement des branches. Et confondue à cette cohue de feuillages, Germaine eut une douceur à la sentir, fraîche et lourde, sur sa peau.

Des nuées grises s’amassaient au ciel, dérobant par moments la lune ; une obscurité s’élargissait alors sur la campagne comme un fleuve profond ; et le vent soufflant dans les orgues du bois, faisait une rumeur grave qui s’étendait.

Une angoisse mortelle avait pour jamais banni sa quiétude. Elle regardait la nuit noire comme son chagrin, le ciel voilé comme son âme et ce déclin de l’été semblable à l’amertume des jours qui commençaient pour elle.

Des souvenirs l’assaillaient. C’était sur ce même banc