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XXXIII



Il se courba dans l’herbe, à plat ventre, sa tête dans les poings. La joie l’assommait. Il ruminait les sensations qu’avaient laissées en lui les paroles de la Cougnole ; le crâne battu par leur musique, il était comme un homme ivre et qui cherche à se rappeler le détail des choses. Ses entrailles bouillaient ; il avait une fureur calme qui le torturait délicieusement ; et seul au milieu de ce bois incendié, n’ayant personne avec qui partager son bonheur, il eut des larmes silencieuses.

Autour de lui, la terre souffrait pareillement, sous l’accablante pesanteur du jour. Le soleil rôtissait les verdures inertes ; les branches, noires au milieu de la lumière éclatante et crue, s’alanguissaient avec des airs funèbres d’agonie ; et rien ne bougeait, rien ne tressaillait, hormis les cigales interminablement crépitantes, les ronflantes abeilles et les papillons bruissant dans l’azur. Un anéantissement semblait immobiliser les sèves sous la croûte calcinée des terrains.

Il avait pour Germaine l’attachement incoërcible de la