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— Arrière, cria-t-il, ou j’te fends la gueule.

Rapide comme la pensée, le jeune Hulotte ploya le haut de son corps, et la tête en avant, comme un bœuf, se lança. Un bruit de verre s’écrasant sur le carreau alla mourir, derrière ses talons, dans le piétinement des spectateurs. Hubert, bourré d’un choc terrible, avait roulé à deux pas, dans les bris.

Une poussée se produisit dans le cabaret ; tout le monde se mit debout. Déjà Warnant s’était relevé, prêt à fondre sur son adversaire. Des mains le saisirent aux aisselles ; il se sentit enlacé dans des bras. Une rage le prit. Ruant à travers les tibias, ses poings tapant dans le tas, à l’aveuglette, il secouait la grappe pendue après lui, par saccades. Ses veines tendues se nouaient sur ses tempes, pareilles à des cordes d’arbalète et il poussait des han ! rauques de colère et d’effort. Les mains lâchèrent prise ; le cercle s’élargit.

Il était temps.

Hubert Hayot arrivait sur lui, balançant une chaise. La chaise tournoya, s’abattit, pas assez vite pour que Warnant ne parât le coup. Il l’arracha des mains du grand blond, la jeta au loin, puis, bondissant, il saisit Hubert à bras-le-corps, lui broyant les vertèbres de ses biceps robustes.

Hubert râla.

Et subitement un ennemi nouveau se présenta, qui passa les mains au col de Warnant, et de toutes ses forces l’étranglant, lui ploya les reins en arrière. C’était Donat. Warnant se renversa, râlant à son tour, quand son frère Mathieu, d’un large coup de poing envoyé dans la nuque de Donat, fit osciller ce dernier, comme un arbre déchaussé et qui bat l’air de ses feuilles.

Alors, remis sur pied, il poussa droit à l’ennemi, rusant cette fois pour se faire prendre, et sa ruse réussit. Hubert