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qu’il y avait dans ses allures et son regard. Hayot l’admirait tout haut.

— Un fier gaillard ! Et instruit ! Il sait répondre à tout, lui ! Il parlerait au roi.

Hubert balançait la tête, avançait la bouche avec une modestie jouée.

— Ne le croyez pas, Mademoiselle.

Son père exagérait ; il n’était pas si savant que cela ; mais le fermier insistant, ce fut comme une joûte de compères, chacun jouant un rôle appris.

Il fut décidé qu’ils iraient tous ensemble à la grand’messe, Hayot donna le signal du départ en faisant sauter son chapelet dans sa main. Et ils partirent, Hubert et Germaine en avant, les deux autres garçons sur le même rang que le père et la mère. Fritz avait rabattu sa casquette sur ses yeux, pour mieux voir se balancer devant lui les hanches de cette étrangère. Il avait une tête sournoise, sur laquelle se peignait une malice vicieuse de jeune singe.

— Notre mère est un peu difficile quelquefois, dit Hubert. Il faudra l’excuser. Elle est très tourmentée par ses rhumatismes.

Et il ajouta des considérations sur l’influence des maladies.

Germaine l’écoutait, charmée des tours qu’il choisissait pour lui parler. Et brusquement, elle lui fit une question candide :

— Où avez-vous appris tout ça, m’sieu Hubert ?

Il se mit à rire.

— Mais je ne sais pas ; au collège, dans les livres. Je lis beaucoup.

— Oh ! moi, je voudrais bien, mais je n’ai pas le temps.

Elle parlait posément, évitant les mots de patois et pinçant un peu les lèvres.