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— Je m’suis trompé, pensa Hulotte, y’m’les aurait ravalés.

Il le conduisit à l’étable. Là, le bonhomme montra de la circonspection, examina les vaches l’une après l’autre, sans rien dire, et finalement déclara qu’il en avait vu de plus belles.

— C’est une vache pour sûr qu’il lui faut, pensa Hulotte.

Et les mains dans les poches, d’un air indifférent, il lui répondit qu’il y en avait peut-être de plus belles, mais pas de meilleures.

Hayot entrait dans les fumiers jusqu’à la cheville, tâtant les bêtes l’une après l’autre.

La blanche était soufflée, la rousse avait de la langueur dans l’œil, l’isabelle était épuisée par son veau ; et quand il arriva à la noire, il haussa les épaules en soufflant dans ses joues. Il regardait le fermier du coin de l’œil.

Ils visitèrent ensuite les porcs. Hulotte ayant ouvert la porte des huttes, les bêtes se mirent à trotter du côté des fumiers, roulant des yeux ahuris, avec des tirebouchonnements de queue ; et ils demeurèrent un instant à les regarder s’ébattre en grognant, leur groin rose fouillant sous les pailles activement. Par moments, le pied leur manquant sur le pavé suintant, les porcs s’abattaient dans les bouses, faisaient rejaillir les purins, puis, relevés, continuaient à galoper, leurs fesses charnues secouées de petits tremblements. Hayot s’extasia sur leur belle mine.

— C’est bien d’une vache qu’y retourne, repensa Hulotte, suivant son idée.

Et il mena Hayot successivement au poulailler, au bûcher, au potager, au verger, et de là aux champs.

Le petit homme trouvait tout admirable. Pour un verger, c’était un « fameux » verger. Quant aux pommes de terre, bien, là, vrai ! il fallait aller loin pour en trouver d’aussi bien montées. Et comme ils étaient à regarder les