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d’un mouvement de la bouche. Elle traversa la cour, soudain disparut dans la maison.

La chambre de Germaine étant distante des autres chambres à coucher, elle put l’atteindre sans être entendue. Elle se déshabilla et s’étendit dans la tiédeur des draps. Un étonnement lui restait de cette nuit passée dehors et aussi une impression vague d’écœurement : ce découcher la diminuait à ses propres yeux, comme une déshonnêteté plus grande que les autres. Et cette disposition d’esprit s’aggravait d’une inquiétude terrible, à savoir l’attitude que le fermier et ses frères allaient prendre devant elle.

Elle les entendit se lever l’un après l’autre. Il fallut bien aller les rejoindre dans la cuisine et leur préparer le café du matin. C’était elle que ce soin regardait. Elle arriva mal assurée, tremblante, osant à peine lever les yeux, et tout à coup ses craintes se changèrent en joie. Ils ne se doutaient de rien ; on l’avait cru couchée et l’on avait fermé les portes.


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