étirant les bras, il se pâma dans un bâillement qui ne finissait pas.
Devant lui s’étendait un verger aux pommiers penchés et bossus. Le verger descendait en pente insensible jusqu’aux bâtiments d’une ferme qu’on voyait se masser en carré, la cour au milieu, sous des toits d’ardoises jaunies par les mousses. Des coqs chantaient sur les fumiers, secouant leur crête écarlate, parmi les poules, les pintades et les dindons, et un bruit de sabots battait le pavé le long des étables.
L’homme regarda les fumiers, les poules, les murs de la ferme, de sa prunelle noyée dans un engourdissement. La porte charretière était large ouverte, ayant déjà livré passage aux vaches qui remplissaient le verger. Une chaleur montait des purins, confondue à la vapeur qui flottait sur le seuil des étables. Et celles-ci laissaient passer le mugissement des mères demeurées à la litière et qui sentaient l’herbe proche des champs. De la fumée tirebouchonnait au haut du toit.
Il se hissa, eut une curiosité machinale de tout voir. Le ciel bleu découpait la rondeur fleurie des pommiers. Une gaîté de bouquet s’épanouissait dans leurs blancheurs rosées, posées là par grosses touffes retombantes. Dessous, les herbes hautes se lustraient de l’emperlement des rosées, et une gaze grise, très fine, noyait les toits, les fumiers, le fond des écuries.
Le claquement d’un volet qu’on ouvrait fit tourner les yeux de l’homme vers un point de la maison. Le volet glissa, vert éclatant de peinture neuve, et sur la pénombre foncée de la chambre une tête de femme mit sa chair amollie par le repos de la nuit.
Alors l’homme s’avança sur le ventre jusque sous les pommiers. Il vit la fille, de la tête au buste, et la trouvant belle, eut un large éclair dans l’œil. Elle accrochait à