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XIX



Un soir, elle trouva les portes closes.

Ce fut un grand saisissement. Elle fit plusieurs fois le tour de la ferme, cherchant une issue. Rien. La cour avait deux portes charretières ; celle qui donnait sur le verger s’ouvrait en deux parties. Les battants du haut pouvaient n’être pas fermés au verrou.

Elle prit une gaule et en appliqua le bout contre les vantaux, délicatement. La porte ne céda pas. Elle poussa de l’épaule ensuite les autres portes, l’une après l’autre. Impossible de les faire bouger. Alors elle pensa à une échelle, pour passer par-dessus le mur. Mais cela ferait du bruit. Elle renonça à l’échelle, et tout à coup, se voyant bien dehors, c’est-à-dire découverte et vendue, elle s’abattit sur le sol, avec un désespoir sombre.

Peut-être savait-on ses sorties ; un de ses frères avait pu lui jouer ce tour de fermer les portes avant qu’elle fût rentrée. Tout le monde l’accablerait le lendemain matin, quand elle serait vue, et elle entendait la voix sévère de