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elle, pour lui faire oublier la violence de la veille. Un repentir traînait dans ses yeux. Et il continuait à l’envelopper de son sourire patelin, avec un air d’homme embarrassé.

— C’est vrai, tout d’même, fit Germaine, que t’as été un peu loin.

Elle avait plongé les mains dans une touffe de trèfles et la tiraillait machinalement.

— Germaine, dit-il.

— Quoi ?

— Dis-moi que c’est fini. Non, vrai, j’suis pas méchant. Tiens, si tu veux, j’viendrai plus. Tout sera fini. Tu s’ras la fille à Hulotte et moi j’serai Hubert le braconnier comme dans l’temps. On s’regardera de loin. On s’dira bonjour, puis plus rien. Mais faudrait pas qu’tu m’gardes rancune. Germaine, descends-moi ta main pour dire que c’est fini.

Elle allongea la main. Il la prit et la garda dans les siennes.

Elle le trouva bon garçon.

— Alors, c’est dit que tu ne recommenceras plus ? fit-elle.

— Pour sûr.

— Il mit de la conviction dans sa voix, évitant de paraître avoir une arrière-pensée. Puis ils se turent et tous deux se regardèrent avec un long sourire.

Il avait la peau tirée, les yeux battus. Elle lui demanda pourquoi. Alors il lui raconta qu’il avait passé la nuit dans le bois, à pleurer. Et il agitait très vivement ses paupières, pour les faire rougir.

— Menteur, dit-elle en remuant les épaules.

Mais il jura ses grands dieux que c’était vrai.

— À preuve que j’ai gardé mes habits. Regarde.

Comme il élevait la voix, dans un élan de sincérité, elle mit un doigt sur sa bouche.