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traillant les femmes. La pudeur de Germaine se défaisait au milieu de cette paillardise générale.

Quand la danse fut finie, il voulut l’entraîner.

— Nous boirons un coup.

Mais elle était avec des amies. Elle n’osait pas. Et puis, qu’est-ce qu’on dirait ? Et il répondait :

— Des idées ! Viens !

Elle céda. Une polka venait de commencer. Célina, Zoé et les filles du meunier dansaient. Personne n’était plus là pour la surveiller.

Il fit déboucher une bouteille de champagne. Comme elle le regardait étonnée, il frappa sur la poche de son gilet :

— Pas peur !

Et il commanda trois bouteilles d’un coup pour les camarades. Cela fit sensation. Des mains se tendaient vers les coupes, et des cris, des bravos se croisèrent.

— Vive Hubert ! À toi, Hubert ! T’as donc vendu le bon Dieu et ses créatures ? Vivat !

Ils étaient debout l’un contre l’autre, près de la porte, celle-ci les masquant à moitié. Elle agitait son verre, et de temps en temps y mettait les lèvres, à petites fois. Lui, tenait la bouteille posée sur sa cuisse.

— Moi, j’boirais comme ça pendant six heures. Y en a pas qui boivent comme moi.

En désignant d’un mouvement de tête les autres buveurs, il ajouta, en haussant les épaules avec mépris :

— C’est pas des hommes !

Il se versa une rasade et continua :

— J’tai vue t’à l’heure. Tu dansais avec le neveu à Izard. Une fois, ça n’est rien, que je m’suis dit. Mais si elle danse deux fois, j’lui donne un mauvais coup, au neveu à Izard. Germaine, j’suis jaloux.

Elle se mit à rire.