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— Ah ! c’est bien long, dit la fillette. Mais il vient de loin et son âne est fatigué. Papa mettra un fauteuil pour saint Nicolas et une chaise pour son âne.

— Je n’y manquerai pas, dit Jans, et je mettrai pour saint Nicolas le beau fauteuil qui est dans le coin et dans lequel s’assoit tante Catherine quand elle vient nous voir à la Noël.

Et vers onze heures, Jans descendit préparer sur des assiettes le saint Nicolas de Fleur-de-Blé. Il avait acheté une grande poupée qui avait des yeux de nacre, des cheveux frisés couleur de beurre et un corps articulé : il avait acheté aussi un berceau doublé de satin bleu et qui se balançait sur une demi-lune. Et il avait payé le tout quinze francs.

Il mit la poupée dans le berceau et rangea dans un grand carton la mantille de soie, la robe de barège et le chapeau de peluche rose qui composaient la toilette de la poupée. Et Jans riait en lui-même en pensant à la joie de sa Fleurette, un peu de gaîté lui étant revenu de manier toutes ces choses.

Il ôta ses souliers et deux fois monta sur ses bas l’escalier, la première fois pour porter les assiettes de bonbons, la seconde fois pour porter la poupée, le berceau et le carton aux habits de la poupée. Et il disposa le tout dans le réduit qui attenait à la chambre où reposait Fleur-de-Blé.

Et Fleur ne cessait pas de dormir.

— Je veux voir sa joie tantôt quand elle aura son saint Nicolas : c’est pour cela que je reste, dit M. le vicaire à bonne maman Jans.

Mais ce n’était pas pour cela que s’attardait M. le vicaire.

Il tira de sa poche son bréviaire, et les lèvres doucement remuées dans un marmottement intérieur, se