Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vibrations du cristal quand on l’a frappé avec un couteau et qu’on n’entend plus qu’un son qui va mourir.

— Non, mon enfant, répondit bonne maman Jans en remettant les petits bras de l’enfant dans le lit, saint Nicolas n’est pas encore venu, mais il passe dans la ville et c’est ça qui sent bon.

— Bonne maman, pourquoi que saint Nicolas sent bon quand il passe dans la ville ?

— Parce que papa Jans fait cuire dans son four sa pâte à bonshommes. Et il y en a de six sous et il y en a aussi d’un franc. Veux-tu boire un peu ?

— Bonne maman, répondit l’enfant, j’ai fait un rêve. J’ai rêvé que saint Nicolas venait me chercher dans mon lit : et il avait une grande barbe, comme l’image du bon Dieu que m’a donnée marraine Dictus. Et j’ai dit : « Bonjour, saint Nicolas, patron des bons enfants. » Et il m’a dit comme ça : « Fleur-de-Blé, je suis ton patron, en effet, car tu es une bonne petite fille et j’aime les bons petits enfants. Viens avec moi. » Et j’ai dit : « Pour où aller, bon saint Nicolas ? » Et il m’a répondu : « Pour aller jouer en paradis. » Alors maman et papa et bonne maman m’ont donné une robe blanche et ils m’ont dit qu’ils viendraient plus tard. Et quand je suis entrée au paradis, il y avait des petites filles et des petits garçons tout en blanc qui jouaient.

» Ils m’ont prise dans leurs bras et ils m’ont dit qu’ils jouaient comme ça la nuit et le jour, toujours, et ils avaient des joujoux, bien plus beaux que ceux que papa m’a donnés au nouvel an dernier.

» Et les petites filles avaient des poupées aussi grandes qu’elles, qui faisaient la révérence et qui disaient : « Merci, madame. »

» Et alors saint Nicolas m’a embrassée et il m’a dit :

— Amuse-toi, je t’aime bien, qu’il m’a dit. Tu auras