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Et Riekje leva sur le bon garçon ses yeux où il y avait une larme, en lui disant tout bas :

— Dolf, vous êtes un cœur du bon Dieu.

Il s’assit près d’elle et lui nouant son bras autour des hanches :

— Ma Riekje, dit-il, je ne suis ni bon ni mauvais, mais je vous aime de tout mon cœur.

Et Riekje à son tour l’accola et dit :

— Mon cher Dolf, quand je pense au passé, je ne sais comment je puis encore prendre goût à la vie.

— Ce qui est passé est passé, Riekje, ma bien voulue, répondit Dolf.

— Ah ! Dolf, mon cher Dolf, il y a des jours où je songe qu’il vaudrait mieux être déjà là-haut afin de dire à madame la Vierge ce que vous avez fait pour moi.

— Riekje, je suis triste quand vous êtes triste. Vous voulez donc que je me fasse du chagrin ce soir à cause de vous ?

— Ah ! mon cher Dolf, je donnerais mon sang pour vous épargner un seul instant de chagrin.

— Alors, Riekje, montrez-moi vos belles dents blanches et regardez de mon côté en riant.

— Dolf, je ferai selon vote commandement, car mes tristesses et mes joies sont à vous. Riekje n’a que son cher Dolf sur la terre.

— Bien ça, Riekje, je veux être tout pour vous, votre père, votre mari et votre enfant. N’est-ce pas, Riekje, que je suis un peu aussi votre petit enfant ? Nous serons deux à aimer notre maman.

Riekje prit la tête de Dolf dans ses mains et l’embrassa sur les joues comme on boit une liqueur sucrée, en s’arrêtant par moments pour savourer la douceur de ce breuvage, puis en recommençant à boire de plus