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car vous allez manger les kœkebakken aux pommes de maman Nelle. Voici Dolf qui traverse la passerelle et qui nous apporte la farine, les œufs et la crème. Vous m’en direz des nouvelles, Riekje.

Et elle ouvrit la porte à quelqu’un dont les sabots venaient, en effet, de battre lourdement le pont du bateau.


II


Un homme à la large carrure, la figure ouverte et riante, parut dans la lueur rouge de la chambre, et sa tête touchait au plafond.

— Voilà, mère ! s’écria-t-il.

Il jeta son chapeau dans un coin et, avec mille précautions, extirpa de ses poches des sacs de papier qu’il déposait ensuite sur la table.

— Dolf, j’en étais sûre, vous avez oublié la pinte de lait s’écria maman Nelle quand il eut tout étalé.

Alors Dolf rentra la tête, tira longuement la langue et parut déconcerté comme si vraiment il lui fallait repasser la planche pour retourner à la boutique. Mais, en même temps, il clignait des yeux du côté de Riekje pour lui faire entendre que c’était un leurre. Et Nelle, qui n’avait pas vu cette grimace, abattit le poing de sa main droite dans la paume de sa main gauche en se lamentant.

— Qu’est-ce que nous allons faire sans lait, Dolf ? Vous verrez qu’il faudra que j’aille moi-même à la ville. Ayez donc de grands garçons, Tobias, pour qu’ils ne songent plus qu’à l’amour qu’ils ont dans la tête.

— Et si je fais sortir le lait de dessous la chaise de