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histoires. Est-ce qu’il vous est encore une fois arrivé quelque chose ?

— Thérèse, je suis si à plaindre et je n’ai que vous. Je me dis toujours quand je souffre, qu’il me reste ma bonne Thérèse. Oui, voilà ce que je me dis et cela me fait du bien. Qu’est-ce que je deviendrais, mon Dieu, si je ne pouvais pas vous raconter mes chagrins ?

— Cadie ! pour l’amour du Ciel, levez-vous. Voilà que vous vous êtes assise sur mon tricot.

— Est-ce que je me suis vraiment assise sur votre tricot, Thérèse ? Eh bien, ma chère, c’est comme je vous le dis. M. Spring veut les mettre à gauche du petit salon, et moi je veux les mettre à droite. Peut-on concevoir une vie pareille ?

— Mais, Cadie, si M. Spring veut les mettre à gauche, c’est qu’il a ses raisons, je pense. Vous serez toujours la même.

— Ah ! il a raison ! Vous trouvez, vous, qu’il a raison ! Eh bien, il ne manquait plus que cela. Mon Dieu ! est-ce possible ? Y a-t-il une femme plus malheureuse que moi sur la terre ? Tout le monde m’en veut. Eh bien, je vous dis, moi, Thérèse, qu’ils resteront à droite.

— Sac à papier ! Qu’est-ce que ça me fait à moi, qu’ils soient à droite ou à gauche ? A-t-on jamais vu ? Mettez-les à droite si cela vous plaît. Je ne sais pas même de quoi vous parlez.

— De quoi ? Mais des trois fauteuils en velours rouge qu’il a achetés à cette mortuaire. Concevez-vous cela, Thérèse ? Acheter des objets à une mortuaire ! Toutes les mauvaises choses m’arrivent.

— Écoutez, Cadie, vous vous chagrinez pour des riens.