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est devant nous, un écrivain sincère, franc, qui par un miracle d’art, va nous donner ce petit chef-d’œuvre : Bloementje. Là est la vraie note, la note exquise de Lemonnier. C’est la simple histoire de la petite fille d’un boulanger, qui se meurt pendant la nuit de Saint-Nicolas. Il y a un moment quand le prêtre, fermant son bréviaire dit : Seigneur, mon Dieu, prenez pitié de ces pauvres gens ! où l’on étouffe et l’on étrangle. Dans une autre nouvelle, la dernière du livre, le Thé de la tante Michel, le dramatique est encore en dessous, discret et voilé, puis il se dégage, sans phrases et sans cris monte à fleur de peau, vous fait frissonner et vous donne la chair de poule ; au reste tout ce volume est vraiment extraordinaire. Les personnages, les Tobias, les Nelle, le petit Francisco qui rêve à des paradis de sucre, si étonnamment décrits, les Jans, les Cappelle, s’agitent, vivent d’une vie intense. Il faut les voir, les braves gens, campés debout et riant de tout cœur, ou bien penchés sur la poêle qui chante, l’œil émérillonné, épiant la lutte des fritures, la cuisson des schoesels ; il faut le voir, le vieux savetier Claes Nikker, rapetassant les bottes du village, causant avec l’un, avec l’autre, luttant de matoiserie et de ruse avec la famille Snip, discutant avec une opiniâtreté d’avare le mariage de sa nièce, pendant que les amoureux tremblent, des grands benêts qui s’adorent et osent tout juste se prendre la main ! Ce livre est, selon moi, le livre flamand par excel-