Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les présentant sous leur côté essentiel, et il fallait que l’observateur fût lui-même doublé d’un artiste.

« L’art de Camille Lemonnier est certainement un art très curieux et très complet, art d’étude, de recherche, de sagacité, simple à la fois et raffiné, qui met les moindres choses en relief et fait vivre ses romans comme des tableaux de vieux maîtres hollandais. Vous verrez chez lui dans la couleur locale, les fêtes patronales, les jouissances populaires, les Kermesses, l’aspect intime et familier des Flandres tel qu’il n’avait pas encore été exprimé. Les personnages se meuvent, on voit leurs moindres gestes, et ils sont comme étudiés à la loupe. Quant aux sujets ils sont très simples, comme si l’auteur voulait laisser toute la lumière aux figures des paysans, petits bourgeois, boutiquiers, gens du peuple. Il y a, du reste, nombre de situations comiques, à la manière de Jean Steen ; c’est le même esprit jovial, tendre, amoureux, naïf, dans une suite de peintures dont le fini rappelle la technique de ce grand peintre. Il y a peu d’histoires plus simples et plus intéressantes que son conte de Bloementje[1], un petit chef-d’œuvre, et peu d’histoires plus amusantes que le Mariage en Brabant, une autre perle. Tout cela est local ; mais il faut lire la langue de l’écrivain, l’art merveilleux

  1. Ce Conte a reparu depuis, et reparaît ici, sous le titre : Fleur-de-Blé.