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LA SAINTE CATHERINE


Deux petits enfants allaient et venaient dans le corridor, mystérieusement, épiant l’heure aux pendules ; car c’était l’habitude de ne fêter la grand’mère que quelques instants avant le dîner.

Dans la rue, la neige étendait un manteau blanc, et des flocons légers bondissaient dans l’air comme des volants sur d’invisibles raquettes. Personne, parmi les pauvres gens qui se risquaient par un pareil temps le long des trottoirs, n’aurait pu soupçonner qu’il se tramait ce jour-là quelque chose dans la maison ; elle avait, en effet, sa figure accoutumée et il n’y avait ni une tuile de plus à son toit ni un rideau de plus à ses fenêtres ; mais à l’intérieur ce n’était plus la même chose. Tout le monde avait envie de rire et pourtant paraissait indifférent : on chuchotait derrière les portes et tout à coup l’on se taisait ; quelqu’un montait brusquement l’escalier, puis redescendait sur la pointe des pieds ; et tout doucement, dans le coin le plus secret de la maison,