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dort, le joli petit mouton. — Blokke kloppen[1] — S’il s’éveille, c’est pour mourir. — Mangez, les gens, les bêtes aussi, — Koekebakken et pain cuit. — Noël ! Noël ! Amen !

— Car il mourra pour nous sauver de l’enfer, — Jésus-Christ, le fils de notre chère Dame. — Les petits et les plus petits encore — Auront le cramique et du beurre en paradis — Avec de la bonne musique de violon. — Mangez, les gens, les bêtes aussi — Koekebakken et pain cuit. — Noël ! Noël ! Amen !

— Oh ! baas, si vous êtes contents des petits enfants, — Donnez-leur, par amour de Christus, — De l’argent pour acheter des couques — Des couques avec des prientjes[2] dessus. — Blokke kloppen. Nous ôterons nos sabots pour y faire coucher le chat. — Mangez, les gens, les bêtes aussi — Koekebakken et pain cuit. — Noël ! Noël ! Amen !

Les trois petits garçons allaient recommencer pour la troisième fois leur complainte quand ils entendirent tout à coup jouer du violon à côté d’eux : c’était Francesco qui, humble et souriant, les accompagnait, et du pied il battait la mesure pour tâcher d’être d’accord avec eux. Ils cessèrent alors de chanter, et le plus grand mit son poing sous le nez de Francesco en lui disant :

— Nous ne voulons partager notre argent avec personne.

  1. Les sabots cognent.
  2. Petites figures de plâtre que les boulangers flamands mettent sur leurs pâtisseries de Noël.