Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne dis rien.

— Non, non, c’est inutile. Nous irons chacun de notre côté. J’en connais qui vous valent bien, et il n’y a que le choix qui m’embarrasse. Votre amie Justine…

— Eh bien ! prenez Justine : je vous l’abandonne, avec son cou sur le côté et son air de n’y pas toucher. Votre ami Dirk…

— Prenez Dirk. Voilà un joli mufle. Sans compter qu’il boit tout son mois en un jour. Il y a bien de quoi faire la fière !

— Vous me rendrez mon mouchoir et mon gant, s’il vous plaît, avant dimanche, car je ne veux plus que vous ayez rien à moi.

— Ni moi non plus. Vous me rendrez le cent d’aiguilles et le petit pot de pommade.

— Le petit pot de pommade ! Il y a beau temps qu’il n’y en a plus, de la pommade, dans votre petit pot. Allez, ne me retenez pas plus longtemps. Je suis bien sotte de vouloir encore causer avec vous.

— Eh bien ! gardez le petit pot, Mina, en souvenir de moi, et s’il vous en faut encore un…

— Je ne vous connais plus.

— Hein ?

— Bonsoir.

— Voyons, Mina, est-ce moi que vous attendiez, ou un autre ?

— Rien.

— Dites-moi si tout est fini entre nous ?

— Bonsoir.

— Ah ! Mina, le pauvre Klokke a-t-il mérité d’être aussi durement traité ?

— Prenez Justine.

— Ce sont là des histoires, ma petite Mina ; je n’ai rien pour Justine.