Page:Lemonnier - Noëls flamands, 1887.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Truitje vous a servi de fille, Claes ; je pense que Truitje sera une bonne femme pour son mari.

— Oui, Lukas, car elle aura été bonne fille avant d’être bonne femme. Est-ce que le cochon engraisse, Snip ?

— Oui, Claes, et on le tuera à la Noël. Je pense que vous viendrez manger du boudin, vous et Truitje, Claes Nikker.

— Ah ! ah ! vous allez tuer votre cochon, Lukas ? Est-ce qu’il y a une noce chez vous, dites-moi ?

— Il y en aura une, une fois ou l’autre, Claes, et je pense que vous en serez ; mais la Noël est un bon jour pour se réunir en attendant.

On entendit dans le petit corridor un bruit clair comme celui d’un soufflet, et en effet c’était un soufflet que Truitje venait d’appliquer du plat de sa main sur la joue de Piet.

Est-ce que Piet était là vraiment ?

Oui, le brave garçon écoutait derrière la porte, avec Truitje, ce que disaient les deux vieux compères.

Ils étaient dans l’ombre, si près l’un de l’autre qu’ils en tremblaient tous les deux ; un petit filet de lumière passait entre les joints de la porte ; et ils voyaient dans cette lueur quelque chose de blanc qui était leurs figures.

Quand le pauvre Piet entendit qu’on parlait de la noce, il devint tout à coup si joyeux qu’il prit Truitje dans ses bras et l’embrassa à pleine bouche dans la nuque. Mais Truitje lui donna un bon soufflet sur la joue, pour la forme seulement, car une fille ne se fâche jamais d’être embrassée par un bon garçon.

— Oh ! oh ! dit Claes Nikker, il y a un oiseau derrière la porte, un bel oiseau, sur ma parole !

Et il cria très haut :