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quette qui, la minute d’avant, s’était dressée au-dessus de la haie, mit tout à coup une obstination si singulière à se dérober que Claes Nikker crut devoir ajouter :

— Piet Snip ! Venez donc, vous êtes derrière la haie. On voit très bien votre casquette.

Piet Snip ne se montrait pas.

— Venez donc, mauvais garnement, continua Claes Nikker, j’ai du travail pour vous.

Il y eut une certaine hésitation de la part de la casquette ; un moment, on put la voir de face et tout à coup elle ne fut plus visible que de profil. Quelque chose à la fin parut pourtant couper court à ses incertitudes ; et en même temps Claes Nikker entendit un petit bruit au-dessus de sa tête. Il leva les yeux et vit une main qui sortait de la fenêtre et s’agitait du côté de la casquette, avec une sorte d’appel impératif. Et l’oncle Nikker rit en lui-même, en pensant que la main était celle de Truitje et que Pieter Snip ne serait jamais sorti de sa cachette sans l’ordre de cette petite main.

Truitje était en effet montée au grenier lorsqu’elle avait entendu son oncle appeler à haute voix Pieter Snip — et elle lui faisait de la main de grands gestes pour le déterminer à paraître. Ce fut d’abord la casquette qui parut, puis le bon garçon avec son air piteux, ses cheveux en baguettes de fusil, son nez à angle droit et sa bouche ouverte comme une porte de grange.

— Piet, lui dit Claes, entrez dans la boutique. J’ai du travail pour vous. C’est un vrai scandale de passer des heures entières derrière une haie.

Le garçon se mit à tousser dans le creux de sa main, comme s’il n’avait pas entendu.

— Voici des souliers à ressemeler, Piet, continua Claes. Une demi-semelle seulement. C’est pour Nelle Swettenhaas. Et voici une paire à laquelle vous mettrez