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qui coule de la bouteille, en disant de sa bouche pincée :

— C’est donc une noce, mon frère ?

— Oui, tante, c’est une noce, crie Donat joyeusement en jetant en l’air le bouchon de la bouteille. Et voici la mariée.

— Il ne manque plus qu’une chose, dit Taubert, c’est le consentement de Flamart. Mais je lui achèterai son moulin pour Donat et il ne refusera pas. Buvons, les enfants, et vive sainte Catherine !

— Vive sainte Catherine ! répètent les meuniers dans la cuisine.

Et dans les maisons de la vallée le même cri se fait entendre de temps à autre, car c’est une habitude au village que les jeunes gens fassent un joli cadeau aux jeunes filles qui s’appellent Catherine, et tantôt c’est une tasse ornée de lettres d’or, tantôt une Sainte Vierge en porcelaine ou un bonnet avec des rubans éclatants ; puis, l’on s’assied autour de la table, près du poêle qui ronfle, et l’on boit du café en mangeant de la galette, tandis que l’heure sonne à la vieille horloge rouillée et que la neige fait danser à la porte ses jolies étoiles, comme la laine d’une toison.

Et quand minuit arrive avec la fin de la veillée, il ne reste plus rien de sainte Catherine que son beau manteau blanc sur les monts, une bûche qui se consume dans l’âtre, et parfois, comme pour Donat et Monique, un tendre souvenir qui ne s’effacera jamais.