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Alors les Lamy se levèrent sur la pointe du pied, et M. Muller les accompagna jusqu’à la porte de la rue. Lamy balançait un peu sur ses jambes, et madame Lamy disait :

— Monsieur Muller a très bienfait les choses.


XVII


À quelques jours de là, comme M. Muller s’apprêtait à partir pour l’école, Jean lui dit :

— Monsieur Muller, je voudrais bien quelque chose.

— Et quoi, Jean ?

— Un livre, monsieur Muller.

En disant cela, Jean regardait, dans un coin de la chambre, un coffre de bois d’où sortait, chaque fois qu’on en soulevait le couvercle, une odeur de vieux papier.

M. Muller regarda aussi le vieux meuble, cherchant en lui-même quel livre il donnerait à Jean, et il pensait ceci :

— Ah ! si j’avais quelque beau conte de fées !

Il ouvrit le coffre, et s’étant mis à genoux devant, il plongea ses bras dans un tas de livres jetés pêle-mêle. Il les prenait par poignées, deux, cinq, six à la fois, comme ils lui tombaient sous la main, tantôt par l’angle de la reliure, tantôt du côté de la tranche, puis il les rentassait après avoir jeté les yeux sur les titres.

Et Jean pensait qu’un dimanche M. Lamy l’ayant conduit au Marché aux oiseaux qui se tient sur la Grand’Place, il avait vu les marchands prendre, au fond des paniers, les coqs et les poules, absolument