que M. Muller. Non, il n’a pas son pareil. À votre santé, monsieur Muller !
— À la vôtre, Lamy ! répondit M. Muller qui le regardait de côté, avec inquiétude.
Mais Lamy, un peu échauffé, ajouta :
— Tenez, Jean, j’ai ça sur le cœur, moi. C’est le meilleur homme qui soit sur la terre.
— Lamy, fit M. Muller pour détourner la conversation, qu’est-ce vous dites de ce vin ?
— Il ne s’agit pas de vin maintenant, monsieur Muller. Il s’agit de vous. Oh ! je sais bien que vous n’aimez pas qu’on parle de vous… Mais ça m’est égal… Moi, je ne peux pas cacher ce que je pense… Il n’y a pas d’homme comme M. Muller, Jean… Il faut l’aimer comme un père… Il n’a pas dîné pendant un mois à cause de vous, Jean.
— Ce n’est pas vrai, Jean, tonna M. Muller en se levant. Ne le crois pas. Tu vois bien qu’il a bu un coup de trop et qu’il ne sait pas ce qu’il dit.
— Ah ! monsieur Muller, dit madame Lamy, moi, je n’ai pas bu et je sais bien que c’est vrai.
— Vous aussi, madame Lamy ? dit M. Muller avec le ton du plus amer reproche.
Et il ajouta aussitôt :
— Écoutez : vous inventez des choses qui ne sont pas. Est-ce que j’ai l’air d’un homme qui n’a pas dîné tous les jours, moi ? Demandez à la mère Ravigote, si j’ai cessé d’aller dîner chez elle. Je sais bien ce que je fais et ce que je dis, je pense. Mais lui, Jean ! Ah ! il ne dit pas ce qu’il a fait pour toi.
Alors ce fut au tour de M. Lamy à regarder M. Muller et à lui faire des signes pour l’empêcher de parler.
— Laissons ça, monsieur Muller, dit-il, je me tairai. S’il vous plaît, laissons ça.