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VIII


Comme nous quittions ce spectacle de désolation, un grand roulement sourd ébranla le pavé parmi le claquement des fouets.

Des attelages débouchaient sur la place, tumultueusement, haquets, tombereaux, chariots à ridelles, précédés d’un vaguemestre. C’était un convoi d’approvisionnements.

Nous remarquâmes que ces convois allaient toujours le grand trot, et, dès ce moment, nous en rencontrâmes continuellement. On entendait un grand bruit, et à peine s’était-on rangé qu’on voyait passer au travers de la pluie, immobiles en selle, avec leurs barbes fauves et leurs nez camards, les hautes statures des cavaliers drapés dans leurs longues capotes