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Et ils répondaient en secouant la tête :

— Ça, c’est vrai, nous ne le voudrions pas.

— Eh bien, votre Bonaparte l’a fait, lui, pour garder sa couronne.

Un malheureux, ployant sous un faix de ramées, réclama notre aide pour s’alléger. Il avait une mine navrée, et tout en gémissant, nous disait :

— C’est pas tant les Prussiens, monsieur, c’est les zouaves qui nous ont fait le plus de mal. Ils ont tout pillé, tout volé, tout emporté sans payer, tandis qu’au moins les Prussiens nous faisaient des bons. Je suis d’au-dessous de Balan, moi. Y sont venus chez moi et ne m’ont pas seulement frappé, les Prussiens. Ah bien, non, qu’ils ne m’ont pas frappé. C’était poli et pas fier. Mais les zouaves ! les turcos ! Des scélérats qui vous pillent et qui ne paient pas. Et voilà, maintenant, qu’ils ont mis leur empereur à la porte !

— Vous l’auriez dû y mettre depuis longtemps. Ces zouaves et ces turcos qui vous pillaient ne sont pas les soldats de la France : c’étaient les soldats de l’empire. Va voir, paysan, si les derniers, les nouveaux venus, les