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d’un long rayon cuivré ce va-et-vient fourmillant. Les ardoises étincelaient sur les toits, des fusils miroitaient dans les rues. Une nuée de paillettes flambantes s’accrochait au hasard du rayon sur tous les points, éparpillant des luisarnements qui papillotaient jusque dans les trous à purin. De petites buées bleues montaient des fumiers sous la caresse d’un vent tiède, comme les bouffées qui sortent du bois mouillé quand le feu se met à crépiter, et les cheminées poussaient en spirales des tirebouchons de fumée qui roussissaient au soleil.

Derrière Givonne, des moires scintillantes argentaient dans les champs la crête des sillons ; et dans le fond des labours bruns le fer des charrues brisées luisait. Une douceur succédait à l’effroyable agonie du ciel en deuil.

Pourtant ce tableau, égayé de lumière, avait son ombre.

La rue qui monte entre deux rangs de maisons inégales ; les petits pignons disloqués qui s’empanachent de cheminées grimaçantes, courtes, longues, menues, ventrues, et penchent en avant, à angles aigus, leurs lucarnes capuchonnées de tuiles rouges, d’ardoises