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marche sur Reims par Réthel, le Chêne populeux et Beaumont.

Le 30, de Failly avait été battu.

Alors on s’était mis dans les fonds de Givonne, la droite à Sedan.

L’attaque fut terrible : les Allemands occupaient les hauteurs. Partout le canon prussien tonnait. Les Français tenaient bon.

À midi, l’énorme ceinture de feu se resserra. Les Français combattaient toujours.

Une heure après, l’ennemi commença ses mouvements tournants.

L’aile gauche fléchit.

Les Prussiens redoublèrent leurs attaques.

L’aile gauche fut coupée.

On donna l’ordre de la retraite.

— Sauve qui peut ! criaient les Français.

80,000 hommes se débandèrent vers Sedan.

Les uniformes, pendants en lambeaux, ne tenaient plus au corps des malheureux troupiers que par des cordes et des épines faisant l’office d’agrafes. Leur couleur disparaissait sous les boues jaunes qui les poissaient et l’on ne reconnaissait plus les officiers des simples soldats. Beaucoup s’étaient enveloppés de couvertures