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et ne s’était pas replié sur Mézières, arrivait pêle-mêle, l’ennemi dans les reins.

Tout ce monde râlait, exténué. Personne n’avait reposé depuis une semaine et l’on était demeuré une nuit et un jour sans manger.

Pendant six semaines, on avait demandé des aliments à Sedan.

Sedan, manquant de vivres lui-même, n’avait rien envoyé.

Le 25 juillet, le sous-intendant militaire de Mézières écrivait :

« Il n’existe plus dans les places de Sedan et de Metz ni salaison ni biscuit. »

On avait alors abattu des chevaux ; mais on comptait beaucoup sur la cavalerie, et il avait fallu les ménager.

Les vivandiers se mirent à tailler de la viande dans les cadavres des chevaux crevés le long des routes et la firent griller au feu. Comme il n’y avait plus de sel, le plâtre pilé, la cendre de bois et la terre séchée saupoudrèrent les nourritures.

Des fantassins pénétraient la nuit dans les campements de la cavalerie, nouaient des cordes aux naseaux des chevaux pour les empêcher de