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des autres et escaladaient cette fournée qui s’entassait.

Des hommes étaient précipités par dessus les chaînes dans les fossés pleins d’eau.

La cavalerie, de son côté, accourait ventre à terre, fendait la foule des fuyards en renversant tout et lançait ses chevaux par dessus les groupes éperdus.

Sur la route les caissons passaient à toute bride, avec un bruit terrifiant, en bondissant sur les pavés. Des montures sans cavaliers, affolées et furieuses, suivaient les escadrons débandés, se heurtaient aux caissons, piétinaient les fantassins et, franchissant les barrières vivantes qui s’amassaient çà et là, entraient en galopant dans les rues de Sedan.

Tout était fermé, du reste : on avait barricadé les portes ; de loin en loin, une tête se hasardait aux fenêtres, rapidement.

Les Prussiens tiraient d’en haut : les remparts étaient à eux.

Pendant deux jours la déroute continua d’emplir la ville d’épaves. Ce qui des 4e, 5e, 7e et 12e corps, s’était trouvé dans Givonne