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tre des chevaux, très agités et le képi sur la tête, comme des gens qui n’ont plus souci de l’étiquette. Pendant tout ce temps, la glace resta baissée et l’on put voir l’empereur lisant, écrivant, se croisant les bras, mordant le bout de ses ongles, ôtant ses gants et les remettant, roulant des cigarettes et les allumant à des bougies d’un sou la boîte. Il semblait de plus en plus agité, appelait un à un ses aides-de-camp, donnait des ordres et faisait courir après ceux auxquels il les avait donnés, sans doute pour en donner d’autres et contremander les premiers.

L’escorte s’agitait dans une sorte d’impatience et quittait à tout instant la voiture pour se porter en avant ou en arrière, questionner et savoir quelque chose, car personne ne savait rien. Seuls, les piqueurs ne bougeaient pas, raides en selle et le touet droit sur la cuisse, comme aux haltes de Compiègne.

Tout à coup l’agitation grandit. Le fracas dans la ville était à son comble, on entendait des cris, du monde se massait autour de l’escorte impériale, une demi-douzaine d’officiers de l’état-major accoururent au galop.

En ce moment un obus éclata presque dans