Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exposé à d’autre inconvénient que d’être pris et relâché sitôt après, comme cela s’est vu plus d’une fois.

Un des paysans mit sur la table une petite fiole, grosse et courte, qui contenait une sorte de poudre grisâtre et dont le bouchon était lui-même un récipient où s’agitait un liquide coloré.

— Doucement, cria le chirurgien en se mettant debout.

Il prit la fiole, la tourna, la retourna délicatement, avec les deux mains, en ayant soin de la tenir droite, et dit :

— C’est un joli joujou. Et où avez-vous trouvé çà, l’ami ?

— À Bazeilles.

— Eh bien ! il y a de quoi nous faire sauter, nous et la maison, dit-il tranquillement.

Tout le monde se recula.

— Le grand tube que vous voyez ici, continua-t-il en montrant du doigt, contient de la poudre et cette poudre est du chlorate de potasse en petite quantité avec du sucre blanc pilé très fin. Le petit tube qui est à l’intérieur en guise de bouchon renferme de l’acide sul-