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vers de leurs jambes et ils nous auraient laissés en repos dans nos fermes, entre nos femmes et nos vaches.

Et ailleurs :

— Qu’est-ce que çà nous fait d’être d’un côté ou d’un autre pourvu qu’on vive et qu’on ait du bon temps ?

Une phrase de Goëthe à propos de ces mêmes paysans français, m’est revenue plus d’une fois en pensée.

« Je n’ai jamais rien vu de plus déchirant, écrivait-il, dans sa Campagne de 1792, que la profonde et mâle douleur dont les traits agités des paysans peignaient toutes les gradations ; la tragédie grecque seule offre l’exemple de tableaux aussi saisissants dans leur simplicité rustique. »

Non, ce n’est pas cela. Goëthe décrivait la guerre en dilettante.

Dans Sedan même, des trembleurs faisaient un crime à Bazeilles de ses coups de fusil tirés contre les Prussiens.

Ils ne voyaient pas, ces pusillanimes, que la fumée de Bazeilles en cendres sauve, dans le jugement des hommes, l’honneur de la contrée