Page:Lemonnier - Les Charniers, 1881.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



XXX


Petit à petit, la chaleur de la chambre, le café à l’eau-de-vie, le bonheur d’être en compagnie la serviette au menton, firent bavarder toute la tablée. Les petits paysans goulus grillèrent du tabac que nous leur passâmes et contèrent leurs infortunes. Ces pauvres gens fuyaient d’un peu partout, après de lamentables aventures.

La plus épouvantable nous fut racontée par un homme de Donchery, qui en avait été le témoin.

Cet homme habitait avec ses trois garçons une ferme à laquelle attenait une masure occupée par une pauvre famille de quatre personnes : un vieillard impotent, une vieille femme malade, un garçon de quinze ans et une fille de