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En quelques instants, tout le monde fut debout : les officiers bouclaient leur ceinture et nous boutonnions nos paletots.

Le gros homme à lunettes bleues tira alors d’une valise un petit sac en papier jaunâtre et se mit à cligner de l’œil de notre côté, malicieusement. Après le sac il tira une chausse en feutre, et finalement une cafetière.

— Je vais vous faire du café, nous dit-il ; c’est Gretchen, ma nièce, qui m’a appris la recette. Et personne dans Cassel n’en fait d’aussi bon que la petite Gretchen.

Le gros homme versa ensuite quelques gouttes d’esprit de vin dans un godet, y mit le feu, fit bouillir de l’eau dans un second godet et lentement filtra son café en mettant l’oreille à la cafetière pour écouter le grésillement de la passée. Et quand nous eûmes bu chacun une petite tasse de ce breuvage qui n’était pas mauvais, les deux allemands nous souhaitèrent bon voyage en nous serrant les mains.

Nous entrâmes dans Sedan.